L’entreprise au service de l’apprenti : Antoine Martin témoigne L’Espace Entreprises Bretagne romantique organise, le mardi 2 avril, un Afterwork sur le thème de l’apprentissage. Cet évènement à destination des cheffes et chefs d’entreprise veut démystifier le recours aux apprentis. Antoine Martin, Martin Menuiserie & GlaverOuest Alu, raconte. En 2005, Antoine Martin reprend la menuiserie créée après-guerre par la Famille Gérard. Homme volontaire, lui-même menuisier de formation, il est convaincu que les femmes et les hommes constituent la plus grande richesse d’une entreprise. Son maître-mot est l’exigence de la qualité. Il donne une nouvelle impulsion à son activité, qui dès lors a connu un très fort développement, passant d’un effectif de 2 à plus de 40 personnes. Depuis 5 ans, la menuiserie Martin a formé une dizaine d’apprentis, que ce soit en production au poste de menuisier ou en administratif (BTS Enveloppe du Bâtiment, BTS Études & Économie de la construction, BTS Comptabilité & Gestion). Son besoin est clairement identifié : une main-d’œuvre constante dans la production d’où sa volonté de travailler avec 2/3 apprentis sur plusieurs années. Un recours à l’apprentissage devenu nécessaire … voire indispensable Les principales raisons de recourir aux apprentis sont « l’envie de transmettre, de former dans le but d’une embauche à l’issue de sa formation. L’objectif est d’assumer le fameux rôle social : les entreprises doivent former les jeunes. En second, c’est une égoïste nécessité, nous sommes dans des métiers pénuriques avec des besoins vitaux de main-d’œuvre. Si nous ne formons pas nos apprentis aujourd’hui, nos métiers manuels vont disparaître ». La difficulté est d’anticiper ce besoin constant. « En mars, je demande à mes chefs d’équipe s’ils veulent former des apprentis pour la rentrée. En juin, ils se rapprochent des CFA pour formuler leur demande et en septembre la formation du nouvel apprenti commence ». La menuiserie Martin a modifié sa façon de recourir à l’apprentissage. Pour que l’intégration de l’apprenti se déroule de la meilleure des façons, il est primordial que la demande provienne du chef d’équipe et non du dirigeant imposant un apprenti à ses employés. Il faut mettre en confiance son apprenti, c’est une culture, un environnement propice qui doit aboutir à une osmose entre deux personnes. Le management des apprentis est forcément différent. L’entreprise ne peut pas avoir les mêmes attentes que ce soit sur l’efficacité, le rendement, la performance. « Nous formons un apprenti, nous sommes là pour donner et non pour recevoir ». Quel est le profil de l’apprenti ? Généralement, l’apprenti a moins de 20 ans, n’a pas de connaissance de l’entreprise ni du monde de travail et peu de formation dans son domaine. Le stéréotype actuellement véhiculé est celui d’un apprenti en échec scolaire, qui suit une formation sans réel choix. Antoine Martin l’assure « certains apprentis sont dans ce cas, mais il ne faut pas stigmatiser ». Le devenir des apprentis … Si l’apprenti ne s’épanouit pas dans son travail, cela resurgit sur l’équipe. Très souvent l’apprenti qui « décroche » commence à s’isoler pour ne pas terminer son apprentissage. Ce ne sont pas des cas récurrents, mais comme le mentionne Antoine Martin, ils existent. A l’inverse certains apprentis excellent et décrochent la distinction suprême de leurs pairs comme ce fut le cas pour Jézékaël Nogues (Médaille d’or en 2018 en menuiserie au Concours des Meilleurs Apprentis de France). « En formation CAP menuiserie, Jézékaël a très vite trouvé sa place au sein des équipes. Il est volontaire et avait envie d’être challengé. Il a toujours fait preuve de professionnalisme et a décidé de poursuivre sa formation en Brevet Professionnel menuisier dans nos ateliers ». C’est bien sûr un gage de notoriété et de fierté pour l’employeur et cela reste motivant pour continuer à recourir aux apprentis. A l’issue de leur apprentissage, bon nombre d’entre eux souhaitent découvrir le monde et travailler dans d’autres entreprises. Antoine Martin mentionne que l’un de ses apprentis est parti et est revenu travailler dans l’entreprise au bout de quelques années. Pour Antoine Martin, « embaucher un apprenti relève d’une décision censée. Il faut anticiper la pénurie sur nos métiers pour maintenir notre savoir-faire ». Cette passation du flambeau est indispensable au maintien des emplois. Une chose demeure sûre, l’entreprise Martin continuera à former des apprentis.